Iran – La lettre du syndicaliste Shahrokh Zamani à sa fille
Ma chère fille,
Nous vivons dans un pays où une poignée de sangsues exploitent plusieurs millions d’hommes et de femmes et s’approprient toutes les richesses du pays. A cause des exactions de ces voleurs, l’Iran qui est a le potentiel d’être un des pays les plus riches dans le monde est devenu un pays où 80% des gens vivent sous le seuil de pauvreté, un pays où il y a plusieurs millions de chômeurs et où des enfants sont obligés de travailler et de vivre dans la rue, un pays où l’inflation, la prostitution, le manque de logement, les divorces, la toxicomanie et la dépression font des ravages.
Dans de telles circonstances, comment pourrais-je penser exclusivement à ma famille et rester indifférent vis-à-vis des conditions de vie de mes compatriotes enchaînés ? Comment pourrais-je rester indifférent vis-à-vis des conditions de vie de plusieurs centaines d’enfants qui travaillent et dorment dans la rue et plusieurs dizaines de filles affamées et sans abris ?
Quelque six cents privilégiés ont emprunté aux banques publiques un quart des liquidités du pays, soit 150 mille milliards de tomans [environ 44 milliards d’euros] et ils n’ont pas l’intention de rendre ces sommes. D’un autre côté, on voit un million deux cent mille jeunes attendre dans des queues devant des banques pour obtenir des emprunts à la hauteur de 5 million de tomans [moins de 1500 euros].
Comment peut-on rester indifférent vis-à-vis des arrestations, des exécutions et tortures infligées à plusieurs milliers de combattants pour la liberté qui luttent pour obtenir leurs droits légaux et légitimes ?
Ne soit pas triste du fait que je ne peux pas participer à ton mariage. Le régime ne laisse même pas les prisonniers participer aux funérailles de leurs parents, leur conjoint ou leur enfant. Dans une telle société, on ne peut garder sa dignité humaine que si on se sacrifie pour les autres, en s’inspire de cette devise des révolutionnaires français : un pour tous, tous pour un. C’est dans cette lutte que l’amour véritable envers son conjoint ou son enfant prend sens.
Ma fille,
Je souhaite beaucoup de bonheur pour toi et pour ton mari. J’espère que dans votre vie commune, vous serez de bons époux, l’un pour l’autre, et que vous serez des gens dévoués pour votre pays.
Je souhaite beaucoup de bonheur pour toi et pour ton mari. J’espère que dans votre vie commune, vous serez de bons époux, l’un pour l’autre, et que vous serez des gens dévoués pour votre pays.
Shahrokh Zamani
La prison de Radjaï-Chahr
Le lundi 24 chahrivar 1393 (15 septembre 2014)
Le lundi 24 chahrivar 1393 (15 septembre 2014)
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