
Ces dernières années, plusieurs grandes rivières iraniennes se sont asséchées. Les médias ont révélait récemment que « sur quelques 1200 villes en Iran, seulement 500 peuvent fournir suffisamment pour la consommation courante».
Cité par l'agence Reuters, un coordonnateur des Nations Unies pour l'Iran a alerté que «la pénurie d'eau pose aujourd'hui le plus grave défi à la sécurité publique en Iran».
L'eau devra bientôt être rationné dans la capitale, une mégapole de 8 millions d'habitants. La moyenne des précipitations à Téhéran est d'environ 149 mm par an, mais 90 pour cent sont perdues en raison de la mauvaise gestion. Des facteurs tels que l’endiguement excessif des rivières, les mauvaises techniques d'irrigation, la sécheresse et le changement climatique ont contribué à la crise de l'eau de l'Iran. Durant l’été, trois des cinq barrages alimentant la capitale ont été pratiquement vidés et un programme de rationnement a été mis en place.
Le légendaire lac Oroumieh en sursis
Le lac Oroumieh, premier lac de l'Iran et jadis le deuxième plus grand lac salé du monde (145 km de longueur sur 55 km de largeur), est cité dans les récits historiques de divers civilisations depuis des millénaires. Aujourd'hui il n'est que l'ombre affligeant de lui-même.
Prisé pour ses vertus thérapeutiques, attirant les curistes du monde entier, Oroumieh est en train d’être rayé de la carte. Les touristes, émerveillés par la multitude de flamants roses, de pélicans et d'autres oiseaux des rivages, se baignaient dans ses eaux salées et s'enveloppaient de sa légendaire boue noire pour guérir les articulations. Oroumieh, appelé la version iranienne de la Mer Morte, s'est transformée en des étendues de boue asséchée par le soleil et ne contient plus que 5 % de l'eau qu'il contenait il y a tout juste 20 ans.
En trois décennies, affirment les experts, une combinaison toxique de pratiques d'irrigation effrénée et la construction de barrages sur les affluents, ont accéléré son déclin. Mais son assèchement est principalement dû au forage d’un grand nombre de puits et à la construction de barrages. On compte 24 000 puits forés par les agriculteurs et 72 barrages construits par les autorités. Par ailleurs, les écologistes avertissent que les sels toxiques provenant des rives desséchées du lac Oroumieh risque souiller durablement les terres agricoles des environs.
En effet, cette politique irréfléchie des autorités s'est retournée contre les agriculteurs et la population locale: les champs cultivés des alentours du lac mais aussi ceux de tout l’ouest du pays sont envahis de poussière saline causée par les tempêtes de sel provenant de ce lac. Les villes de la région sont aussi touchées par cette poussière et de nombreuses maladies respiratoires commencent à être diagnostiquées parmi les populations avoisinantes.
Le lac Hamoun
Un lac d’eau douce situé au sud-est de l’Iran, Hamoun est le troisième grand lac iranien. Peu profond, Hamoun a une superficie d'à peu près 500 kilomètres carrés dont une partie est en territoire afghan. Avant qu’il ne s’assèche, il jouait un rôle vital dans la vie des habitants de la province du Sistan et Baloutchistan. Elle hébergeait plus de 100 espèces d'oiseau et fut un abri pour 1 million d'oiseaux aquatiques migrateur, notamment des canards, des flamants roses, des hérons, des pélicans et des oiseaux de rivage.
La faune a été flétrit par la chaleur. Une pêche florissante avec une prise d'environ 12,000 tonnes a été anéantie et quelques 15 000 pêcheurs ont perdu leur travail. Les femmes utilisant ses vastes champs de roseaux pour la fabrication d’objets artisanaux n’ont plus de ressources. Les oiseaux migrateurs ne s'arrêtent plus par manque de refuge et les éleveurs de 120 000 bovins qui pâturaient naguère sur 70 000 hectares ont dû quitter leur région. 800 villages ont été victimes de l’avancement des sables mouvants apparus à la suite de cet assèchement, selon les médias iraniens.
Le Hamoun est surtout menacé par les digues et projets d'irrigation des cours d'eau qui l'alimentent, essentiellement dans le bassin de l'Hirmand. Suite au détournement de grandes quantités d'eau, le débit amené par la rivière Hirmand est devenu moins abondant. Des parties de zone humide ont été endommagées par la coupe abusive de roseaux et une pâture excessive.
La vie sauvage est également largement perturbée et agressée par la pêche et la chasse. Le 9 mai 2014, un député iranien a révélé que «l’assèchement du Lac Hamoun et de la rivière Hirmand a fait disparaitre un nombre important de poisson. «La mort, le mois dernier, d’un million de poissons n’a pas ému outre mesure des autorités et notre province est une fois de plus témoin de la disparition de ses poissons et de sa vie aquatique. »
Les lacs de la légendaire province Fars
Le lac Bakhtegan est un lac salé de la province de Fars, au sud de l'Iran, où est situé Perspolis, la légendaire cité de l'empire perse. Avec une superficie de 3500 km2, Bakhtegan est le deuxième plus grand lac du pays. Aujourd'hui il se meurt en raison de l’absence d'initiatives pour sa sauvegarde.
Plusieurs barrages effectués sur la rivière Kor ont réduit significativement l'apport d'eau au lac. En conséquence, sa salinité augmente et met en danger certains oiseaux du lac tels les flamants et autres oiseaux migrateurs.
Trois autres lacs de cette province, les lacs Maharloo, Tashk et Kâftar sont également en train de mourir. 117 000 hectares de terres auparavant recouvertes de lacs dans cette province ont disparu et se sont transformés en champs de sel générateurs de poussière saline. Selon les spécialistes, la construction irréfléchie de barrages sur la rivière Pulvar est la principale cause de cet assèchement.
Karoun la bien-aimé…
Karoun, "la bien-aimé" dont on chante la gloire dans le folklore de générations successives des habitants de la région, s'est dangereusement asséché ces dernières années. Une chaîne humaine s’est récemment formée sur la rive de Karoun, le plus grand fleuve d’Iran. Un manifestant a déploré que la profondeur du Karoun a atteint un mètre à certains endroits et la baisse du débit a causé des problèmes sanitaires pour la population.
Le porte-parole d'une ONG de défense de l'environnement au Khouzistan (province du sud) a confié que "l'assèchement du Karoun est devenu une catastrophe pour l'environnement qui s'explique par un grand nombre de barrages". Une soixantaine de journalistes et de responsables locaux ont publié une déclaration demandant l'arrêt du projet de transfert des eaux vers d'autres régions.
La sauvegarde de l'environnement en Iran ne pourra intervenir qu'avec l'instauration d'un gouvernement responsable, démocratique et respectueux de la volonté populaire. Quand les ONG pourront agir librement et faire valoir l'intérêt générale devant les intérêts de la clique islamiste, qui sous la tutelle du guide suprême religieux, ravage depuis bientôt 35 ans aussi bien la scène politique, sociale, économique, que l'espace naturel de l'Iran. Et lorsque les richesses et les moyens du pays, qui sont immenses, seront consacrés aux priorités nationales plutôt qu'à l'aventurisme nucléaire et aux ambitions militaristes des despotes iraniens.
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